dans la pénombre ni jour ni nuit vogue le passager du temps sur le courant régulier sans berge ni horizon le passager du temps ne se souvient pas du départ le passager du temps est en dedans ses yeux à l’envers examinent le néant et les bras serrent le vieil enfant
dans la lumière ni feu ni glace demeure la passagère qui monotone murmure sa mélopée au souffle d’aucune brise les notes à son oreille s’effacent et la passagère envisage l’alentour sauf que personne ne l’entend alors elle reprend son chœur et les bras serrent la vieille enfant
rien ne tient tout est pris temps et lumière tout et rien
au fond de l’esquif dans le courant régulier le passager s’affaisse
la passagère ânonne dans le halo sans couleur
et les bras se resserrent autour des vieux mourants
MVM
(photographie Marianne Ihlen par Leonard Cohen)